Ci-dessous l’article du Nouvel Observateur paru hier soir, deuxième et dernier jour du vote du schéma directeur régional Ile-de-France 2030 au Conseil régional. La concertation forte et le plaisir de pouvoir choisir son environnement à venir y sont soulignés.
La région Ile-de-France a adopté jeudi 25 octobre à une large majorité son schéma d’aménagement à l’horizon 2030, une nouvelle occasion de bagarres politiques sur le projet du Grand Paris, dont la droite met en doute la volonté du gouvernement de le réaliser.
Siégeant pendant deux jours, l’assemblée régionale a débattu de ce texte et de ses plus de 200 amendements et l’a adopté avec les voix de la majorité (PS, EELV, Front de Gauche, PRG-MUP), les centristes de l’UDI s’abstenant et les groupes UMP et Front de gauche et Alternatifs votant contre.
Ce Sdrif donne les contours du futur visage de la région capitale : plus dense, plus verte, aux déplacements mieux articulés, soutenant de l’agriculture de proximité et le petit commerce, dans l’esprit d’une “transition écologique” globale.
“Compatible”
Jean-Paul Huchon, président PS de la région, en a résumé l’ambition : “J’aimerais bâtir une région que les gens n’auraient pas envie de quitter au moment de la retraite”.
L’Ile-de-France est la seule à disposer d’un schéma directeur qui soit prescriptif. En effet, après sa validation par le Conseil d’Etat d’ici fin 2013, il aura force juridique et sera “opposable” aux communes.
Les plans d’urbanisme locaux devront être “compatibles” avec lui, c’est-à-dire en partager les objectifs comme la construction de 70.000 logements par an, dont 30% de sociaux, ou la création de 28.000 emplois par an, la priorité aux transports en commun sur la voiture individuelle.
La plupart des groupes politiques ont souligné l’effort de concertation sur ce schéma qui place notamment sur une carte des “pastilles d’urbanisation”, l’illustration d’une forme de régulation du logement.
On n’est pas dans la caricature ‘région contre collectivités’, on est en interaction, ils font du logement, on fait de l’équipement”, a affirmé Alain Amédro, vice-président (EELV) du conseil régional en charge de l’aménagement.
Jean-Paul Huchon s’est réjoui d’une séance qui, d’une opposition politique claire sur le thème du “manque d’ambition de la Région” voire d’une accusation de “Gosplan”, s’est finie “sans entendre de critique caricaturale”.
“Seule la Région est capable de faire travailler ensemble des gens de Paris, de la petite couronne et de la grande couronne en n’étant pas juste l’agglomération des intérêts particuliers”, a souligné Jean-Paul Huchon.
La région reprend la tête de file de l’aménagement, ce qui est important dans le cadre du futur acte III de la décentralisation”, a analysé pour sa part Mounir Satouri, qui a succédé à Cécile Duflot comme chef de file EELV à la Région.
L’UMP a soutenu plus d’une centaine d’amendements…. “Une stratégie pour nous ramener le Grand Paris en permanence”, a jugé Jean-Paul Huchon. Mais pour lui, “une vraie majorité au Sdrif, ça nous donne un rapport de force avec le gouvernement”.
Car élus de droite comme de gauche ont un objectif commun: obtenir l’inscription dans un prochain texte budgétaire du gouvernement d’un milliard d’euros en dotation pour assurer le financement du Grand Paris Express, le métro automatique en rocade, colonne vertébrale de l’aménagement de la région avec ses 200 kilomètres de voies prévus et ses 72 nouvelles gares.
Si le Sdrif devait être appliqué sans la réalisation du Grand Paris Express, il deviendrait toxique, asphyxiant l’Ile-de-France”, a mis en garde Valérie Pécresse, chef de file de l’opposition UMP.
“Adopter ce document, c’est donner un feu vert aux élus pour construire des logements, monter des zones d’activité, etc. Ne refaisons pas les erreurs du passé de construire en espérant que les transports arriveront !”, a demandé la députée des Yvelines.