Projet de révision du Schéma directeur régional d’Île-de-France
Quatre ans après l’adoption par la Région du projet de 2008, deux ans après le vote de la loi Grand Paris et l’avis du Conseil d’Etat, le Schéma directeur régional d’Île-de-France (Sdrif) est à nouveau soumis au vote du Conseil régional.
Document de planification stratégique, le SDRIF apporte des réponses aux modes de vie actuels et futurs des Franciliennes et des Franciliens en termes de mobilité, d’habitat, d’emploi, de relation à leur environnement, aux usages qu’ils ont et auront de leurs lieux de vie, en termes de pratiques sociales, culturelles, récréatives, sportives. Il apporte des réponses concrètes aux conditions de leur épanouissement individuel au sein d’une même communauté de destin en termes de déplacements, travail, formation, logement, environnement, services publics, équipements publics et privés, aux conditions de cet épanouissement dans un monde où les disparités sociales et les inégalités territoriales, parfois les ségrégations, s’aggravent. Aussi, l’ambition du Schéma directeur Île-de-France 2030 est d’engager le territoire francilien dans un processus de nouveau modèle de développement pour lequel la solidarité doit être la valeur première.
Le Schéma directeur s’appuie sur le socle du projet voté en 2008, fruit d’un large consensus et d’une avancée reconnue en termes d’aménagement durable, mais que des évolutions législatives avec les lois Grenelle et la loi Grand Paris ont conduit à mettre en révision. Par ailleurs, il est établi en association avec l’État et le Conseil économique, social et environnemental régional, en concertation avec l’ensemble des collectivités et des acteurs d’Île-de-France, et en lien avec le Bassin parisien.
De fait, les trois défis de 2008 auront été confortés, qu’il s’agisse :
• de la réduction des inégalités territoriales, sociales et environnementales ;
• de la promotion d’une organisation urbaine répondant aux mutations climatiques et énergétiques ;
• du développement de l’emploi, de l’excellence économique et du rayonnement international.
Depuis, le contexte de crise financière, économique, sociale et environnementale au niveau mondial s’est amplifié, rendant indispensable la mutation accélérée de nos modèles : la ville post-Kyoto, la conversion écologique et sociale de l’économie, la transition énergétique post-Fukushima, la métropolisation, deviennent les nouveaux paradigmes auxquels le projet régional a choisi de s’atteler. Un nouvel enjeu a de fait émergé, celui du défi alimentaire. Car nourrir 11,5 millions de Franciliens de façon qualitative, diversifiée et financièrement accessible, interroge directement leur vie quotidienne et leur santé, mais aussi les politiques de maîtrise et de valorisation des espaces agricoles et des filières agroalimentaires.
L’ambition régionale, ainsi posée, fait sienne la prise en compte des équilibres interrégionaux et se déploie sur l’ensemble du territoire francilien, tant dans le cœur dense de la métropole, que dans les quartiers en difficultés, les espaces péri-urbains, les pôles de centralité, l’espace rural. Faisant le constat que territoires urbains et territoires ruraux ne peuvent connaître de développement pérenne et durable sans prise en compte de leur interrelation, chaque territoire est considéré comme à la fois solidaire et contributif de l’échelle régionale. De cette mise en synergie entre territoires découle la constitution, dans une volonté de cohérence d’ensemble, d’une région métropolitaine forte, ancrée dans le développement durable, ouverte sur le Bassin parisien, l’Europe et le monde.
La traduction de cette vision se décline dans le projet spatial régional articulé autour de trois piliers :
• relier et structurer, pour permettre une région plus connectée et plus durable ;
• polariser et équilibrer, pour construire une région plus diverse, vivante et attractive ;
• préserver et valoriser, pour développer une région plus vivante et plus verte.
Des principes forts d’aménagement accompagnent le projet régional.
La mixité et la proximité des fonctions et des aménités urbaines pour chaque bassin de vie constituent des priorités en vue d’un meilleur équilibre entre l’habitat, l’emploi et les transports collectifs. Sont ainsi concernés la mobilité quotidienne apaisée via les modes actifs et les boulevards métropolitains, le retour de la nature en ville et la reconquête des espaces de ressourcement, le dynamisme culturel, le déploiement des services urbains et des services publics, des équipements structurants d’enseignement et de recherche, de santé, culturels, sportifs et de loisirs, le développement de la production des énergies renouvelables, l’organisation des circuits courts et de la logistique, la valorisation de la production agricole locale.
La robustesse et la résilience du système francilien doivent être confortées, pour mieux résister aux crises de toutes sortes. Les maillages et les mises en réseaux doivent être recherchés qu’il s’agisse des réseaux de transports collectifs renouvelés, du déploiement des infrastructures numériques, de la redynamisation de l’économie francilienne dans les secteurs de la création, de la connaissance, du tourisme, de la transition écologique, des écofilières (dont le développement des énergies renouvelables), de la réindustrialisation, de la gestion sobre des ressources et du traitement de la vulnérabilité aux aléas climatiques ou encore de la résorption des sources de nuisances et de pollutions.
L’étalement urbain, le gaspillage du foncier et des espaces naturels doivent être maîtrisés par le renouvellement de la ville sur la ville, dont une nouvelle génération de zones d’activités intégrées au milieu urbain, par la densification et l’intensification du cœur de métropole, autour des gares et des pôles de centralité, par l’extension raisonnée dans les bourgs et villages, par la protection de la ceinture verte régionale, par une extension urbaine contrôlée.
La valorisation et la préservation des ressources naturelles, de la biodiversité, du patrimoine naturel, urbain, architectural et paysager, constituent des principes forts de l’aménagement régional. Sont concernés la lutte contre l’imperméabilisation des sols et l’intégration de la ressource en eau en milieu urbain, le déploiement et le maillage des liaisons vertes et des corridors biologiques, le recyclage des déchets au plus près des sources, la reconnaissance du patrimoine ordinaire, des caractéristiques du paysage et de l’identité des lieux, la prise en compte du fleuve et des espaces en eau dans les séquences urbaines, ainsi que par l’établissement de fronts urbains préservant les « espaces ouverts » fragiles.
C’est l’ambition d’une plus grande cohésion entre les territoires qui guide le SDRIF, avec le rééquilibrage vers l’Est de l’Ile-de-France par des objectifs logement/emploi favorables à la Seine Saint Denis, au Val de Marne, au Val d’Oise et à la Seine et Marne, par un réseau de transport permettant le désenclavement des territoires les moins favorisés, par de nouveaux grands équipements, par une meilleure réponse aux spécificités des territoires périurbains et ruraux et leur apport au dynamisme régional.
Le logement, fondement de l’équité – sociale et territoriale – mais aussi de l’attractivité, appelle une production massive et de qualité, notamment dans le secteur social locatif, afin de permettre à tous un parcours résidentiel choisi. Face à l’aggravation de la crise du logement, l’objectif régional porte son ambition sur un effort de création de 70 000 logements par an en moyenne, soit près de 1,5 million de nouveaux logements à l’horizon 2030.
Par ailleurs, la question de l’emploi doit venir accompagner l’effort de construction et contribuer au dynamisme et au rayonnement économique francilien. La création de 28 000 emplois par an est ainsi prévue, avec une volonté accrue d’un rééquilibrage territorial et d’une solidarité entre bassins de vie.
La qualité de la mobilité doit de même être améliorée avec des transports collectifs renforcés et développés. Les infrastructures de transport en commun sont l’armature du développement territorial, elles doivent permettre de se déplacer à l’échelle francilienne comme à celle des dessertes locales, améliorant les déplacements de banlieue à banlieue et assurant le désenclavement de certains territoires. L’amélioration du réseau express régional (RER) et du réseau de métro, comme la réalisation du métro automatique du Grand Paris Express, en constituent les projets majeurs. Les déplacements locaux doivent tout autant être développés, avec un effort massif en faveur des tramways, des bus à haut niveau de service, des bus en sites propres, mais aussi des liaisons douces déployées en maillages fins, afin de favoriser les modes actifs de déplacements (marche, cycles, etc.).
Le Schéma directeur Île-de-France 2030 se donne ainsi pour ambition l’établissement d’un modèle urbain compact et intense, solidaire, maillé et multipolaire, tenant tout autant compte des identités et des initiatives locales, que du besoin de cohérence de l’intérêt général pour le long terme. Sa mise en œuvre partagée reste néanmoins un enjeu majeur : les dynamiques de partenariats territoriaux comme l’amélioration continue du document avec l’ensemble des acteurs du territoire, dont les collectivités et les Franciliens, en seront les garants.
Il s’agit bien d’inventer à l’échelle de l’Île-de-France, au travers de la diversité des territoires et des Franciliens, un avenir commun résolument engagé dans le développement durable, où chacun puisse contribuer et bénéficier équitablement de l’attractivité et du rayonnement francilien.
Concrètement le projet de schéma directeur de la région Ile-de-France se compose :
- du fascicule « Vision régionale » ;
- du fascicule « Défis, Projet spatial, Objectifs » ;
- du fascicule « Orientations réglementaires » auquel est annexé la carte de destination générale des différentes parties du territoire ;
- du fascicule « Evaluation environnementale » ;
- du fascicule « Propositions pour la mise en œuvre du SDRIF »
Le projet de schéma directeur de la région Ile-de-France sera proposé et discuté en séance plénière du Conseil régional
le jeudi 25 octobre 2012