Des écologistes pour Aulnay

Hier matin, une séance extraordinaire du conseil général a été consacrée à l’usine PSA. En soirée, ce sont les conseillers municipaux d’Aulnay, dont je fais parti, qui planchaient sur l’avenir du site. Un article du parisien en retrace le déroulé principal.

BOBIGNY, HÔTEL DU DÉPARTEMENT, HIER MIDI. Les élus PS et Europe Ecologie du conseil général, accompagnés de quelques syndicalistes de l’usine d’Aulnay, ont dévoilé une banderole de soutien aux salariés de PSA et de défense de l’emploi industriel.

BOBIGNY, HÔTEL DU DÉPARTEMENT, HIER MIDI. Les élus PS et Europe Ecologie du conseil général, accompagnés de quelques syndicalistes de l’usine d’Aulnay, ont dévoilé une banderole de soutien aux salariés de PSA et de défense de l’emploi industriel. | ( LP/G.B.)

La « journée PSA » voulue par Stéphane Troussel, nouveau président PS du conseil général, c’était donc hier. A midi passé, les élus PS et Europe Ecologie du département et quelques syndicalistes dévoilaient une banderole sur la façade de l’immeuble Picasso, l’hôtel du département, à Bobigny.

Avec ce message en lettres blanches sur fond bleu : « Soutien aux salariés de PSA, sauvons l’emploi industriel ». Avant cela, les élus ont débattu durant deux heures lors d’une séance extraordinaire, en présence des représentants syndicaux de l’usine d’Aulnay (SIA, CGT, FO, SUD, CFTC, CFDT).

C’est de manière prudente que Stéphane Troussel a ouvert le débat, rappelant le contenu du rapport Sartorius. Le document, remis il y a deux jours au ministre du Redressement productif, juge « incontestable » la nécessité du « plan de réorganisation » de PSA. « Ce rapport n’est pas parfait, et nous aurons des analyses différentes, mais il a soulevé des questions auxquelles il faudra que le groupe PSA réponde », estime l’élu socialiste. « Certains ont dit que ce rapport préparait un atterrissage en douceur du gouvernement sur cette question, je m’inscris en faux », assure Gérard Ségura, vice-président du conseil général désormais chargé, avec le développement économique, de la « reconquête industrielle ».

Maintien des emplois, maintien de l’usine, maintien de la filière automobile? Derrière les expressions employées, des nuances s’expriment. Les élus Front de gauche ne se sont d’ailleurs pas associés à la bannière déposée sur l’immeuble Picasso. Dans un communiqué publié dans l’après-midi, ils ont estimé que le mot d’ordre « n’est pas à la hauteur du combat que mènent les salariés de PSA ». En séance, Jacqueline Rouillon (Fédération pour une alternative sociale et écologique) avait donné le ton : « Il faut s’opposer à tout prix à la fermeture de ce site industriel », estime la maire de Saint-Ouen. Hervé Bramy (PC) souhaite à son tour que l’assemblée départementale réclame « le maintien de la C3 jusqu’en 2016 à Aulnay ».

La réponse lui vient de… Claude Bartolone, arrivé discrètement en cours de séance. « Je ne veux pas que cela serve de prétexte à la direction pour rompre les négociations. Je suis pour réclamer une véritable réindustrialisation du site. Quand Philippe Varin dit : pas un salarié à Pôle emploi, j’aurais tendance à dire : chiche », lance le président de l’Assemblée nationale et ancien président de l’assemblée départementale.

Dans les rangs de la droite, on tacle l’attitude du gouvernement à la suite de la remise du rapport Sartorius : « J’ai le triste sentiment que la messe est dite », déclare Jacques Chaussat, conseiller général d’Aulnay-Sud, tandis que Stéphane Salini, élu de Drancy, souhaite que le gouvernement « torde le bras de Peugeot ». « Les socialistes de Seine-Saint-Denis ne valident rien du tout et surtout pas les erreurs funestes de la direction de PSA », rétorque Emmanuel Constant (PS), qui ajoute : « Tout doit être fait pour que PSA maintienne sur le site une activité industrielle moderne. » Pas de vote à l’issue de la séance — le groupe UMP a d’ailleurs dénoncé « une séance sans prise de décision ». Le conseil général a cependant créé une mission pour suivre de près le dossier PSA et Stéphane Troussel a annoncé qu’il avait demandé au ministre du Travail, Michel Sapin, de prescrire une étude d’impact afin d’évaluer les conséquences de la fermeture sur le département. D’ores et déjà, selon des chiffres livrés hier par le conseil général, plus de 9000 emplois dépendent de la filière automobile dans le département, centrés autour d’un seul gros constructeur, PSA.

Le maire PSd’Aulnay présente la mesure comme une « arme » face au géant PSA. Le conseil municipal a unanimement voté hier l’instauration d’un « périmètre d’études » — également appelé « sursis à statuer » — sur les zones industrielles du nord de la ville. Cette mesure d’urbanisme permet à la ville de ne pas répondre durant deux ans aux demandes de permis de construire ou d’aménagement portant sur cette zone (alors qu’elle n’a en temps normal que deux mois pour statuer).

 Et du côté du comité syndical…

Le périmètre englobe plusieurs zones d’activité*, mais il vise d’abord et avant tout le groupe PSA, qui a prévu de fermer son usine de montage (3300 salariés, dont 400 intérimaires) en 2014.

L’objectif pour Gérard Ségura : « Permettre à notre ville de n’être pas reléguée en bout de table des discussions sur le devenir du site », une zone de 170 ha dont 150 situés à Aulnay (20 ha se trouvent à Gonesse). En d’autres termes, la ville n’usera de cette possibilité que pour faire pression sur le groupe automobile, qui affirme que des entreprises sont déjà prêtes à s’implanter et à créer de l’activité sur le site. Philippe Varin, numéro un du groupe, a d’ailleurs joint Gérard Ségura en début de semaine, invitant la ville à « faciliter par tous les moyens » les démarches de PSA en vue du reclassement des salariés et de la possible création de 750 emplois. Pas question, rétorquait l’élu hier, d’accepter un « chantage insidieux ».

Hier, la délibération a fait consensus. Sur les bancs de la droite, l’ancien maire et député UMP Gérard Gaudron a voté pour, après s’être montré critique : « Vous allez décourager des industriels qui voudraient s’installer sur le site. » Pour le groupe Europe Ecologie, Alain Amédro, également élu régional, y a vu le moyen de « faire de la ville un partenaire à part entière dans les négociations » autour d’un terrain dont il a déjà souhaité la « conversion écologique ». Au sein de la majorité, l‘adjoint au maire Miguel Hernandez (PC) a prévenu : « Il ne s’agit pas de s’engouffrer dans une logique de reconversion du site, c’est un élément du bras de fer, ni le seul ni le principal. »

« Notre devoir d’élus est d’anticiper le pire comme le meilleur », avait indiqué Gérard Ségura en préambule. En juillet, le maire avait menacé d’expropriation le constructeur s’il fermait l’usine d’Aulnay, mais il assure vouloir procéder « par étapes ». Le préfet a désormais sept jours pour statuer sur la légalité de cette délibération.

* Le centre commercial O’Parinor et les zones de la Fosse-à-la-Barbière, des Mardelles, de la Garenne.

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