Stéphane Gatignon, maire de Sevran, a décidé d’entamer vendredi 9 novembre 2012 une grève de la faim. Estimant que c’est là son devoir de maire, il demande au parlement d’attribuer aux villes les plus pauvres de France les dotations nécessaires à l’équilibre de leur compte et au maintien des services publics dans leur territoire. Le groupe EELV lui apporte tout son soutien.
2- Déclaration de Stéphane Gatignon
Les villes pauvres n’ont pas à faire les frais de la crise financière!
Madame, Monsieur, chers concitoyens,
La crise, en affaiblissant nos ressources, nous oblige à nous battre et à réclamer notre droit.
Le budget 2013 de notre ville est victime de la crise financière et bancaire. Il manque aujourd’hui 5 millions pour que les comptes de l’année prochaine soient équilibrés.
La solidarité nationale doit jouer.
Ce n’est pas aux villes pauvres de payer la crise !
C’est pourquoi je vous appelle à vous rassembler vendredi 9 novembre à 16h devant l’Assemblée Nationale.
Un car partira de Sevran à 14h30 RDV devant la mairie pour se rendre au Parlement.
Je revendique l’équité ! Que le Parlement décide de nous attribuer, ainsi qu’aux 100 villes les plus pauvres de France, les dotations nécessaires à l’équilibre de nos comptes.
Il manque 5 millions d’euros pour que les banques acceptent de prêter à notre commune pour ses projets et son fonctionnement. Ce sont les entreprises et leurs emplois qui sont également en cause.
Sans ces 5 millions, sans les prêts bancaires, comment la ville pourrait-elle payer les entreprises qui construisent nos écoles, refont la voirie, rénovent nos équipements publics… Sans ces 5 millions, c’est l’impasse budgétaire. C’est ajouter la crise économique locale à la crise financière globale.
Je refuse catégoriquement toute augmentation d’impôts locaux décidée par la ville.
Je refuse catégoriquement la baisse des actions de service public de la commune alors que des communes riches affichent des excédents de gestion équivalent à notre manque de moyens. La chambre régionale des comptes reconnaît elle-même que malgré nos 30 millions de ressources annuelles en moins, la ville est bien gérée. Ne pas aider Sevran, c’est condamner cette bonne gestion des deniers publics.
Tous ensemble, battons nous pour notre droit à la solidarité.
Battons nous pour notre commune, pour nos entreprises et nos emplois.
Je compte sur vous.
Stéphane Gatignon
Maire de Sevran.
3 – Billet de l’AFP aujourd’hui quant au combat du maire de Sevran
PARIS, 12 nov 2012 (AFP) – Le maire de Sevran, Stéphane Gatignon (EELV), qui vient de passer sa troisième nuit sous une tente devant l’Assemblée nationale à Paris afin de réclamer une aide financière pour sa ville, a assuré lundi qu’il “tient le coup”.
“Ça va”, a-t-il déclaré en direct sur Canal +, dans une parka noire, les mains gantées, le nez rougi par le froid du petit matin parisien.
“C’est un peu frais”, a-t-il remarqué. “Ça gargouille un peu dans le ventre mais on tient le coup”, a ajouté l’élu EELV, 43 ans, qui poursuit une grève de la faim.
Son but : appuyer sa demande de cinq millions d’euros pour sa ville de 51.000 habitants, enclavée en Seine-Saint-Denis, en proie au chômage, à la misère sociale et au trafic de drogue.
“On va voir demain la discussion qu’il y aura à l’Assemblée nationale”, a encore déclaré M. Gatignon, “a priori, il y aura un amendement sur la dotation de solidarité urbaine. Ce n’est pas une aide exceptionnelle que je demande, c’est vraiment une aide structurelle”.
“J’espère que demain soir j’arrêterai, j’ai beaucoup d’autres choses à faire, j’ai envie de revivre une vie normale”, a insisté ce père de famille.
L’enjeu, a-t-il dit, c’est la “péréquation” entre communes riches et pauvres.
“On ne peut pas continuer à avoir en France des communes riches, des maires assis sur des coffres forts et d’autres qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui sont souvent en banlieue” avec des populations “plus jeunes, donc besoin de plus d’écoles”.
A-t-il eu un contact avec le chef de l’État ou le Premier ministre ? “Non”, a répondu celui qui a reçu notamment la visite du ministre de l’Intérieur Manuel Valls et du président de l’Assemblée Claude Bartolone, tous deux PS.