Benoît Hamon, le nouveau ministre de l’Économie sociale et solidaire, ne disait pas autre chose quand il affirmait fin juin que «la solution à la crise passe par l’innovation sociale, et non l’austérité». Nous devons encourager et soutenir cette innovation humaine, citoyenne et verte. C’est là que réside l’avenir de nos sociétés ! Pour faire simple, l’innovation sociale consiste à créer des réponses nouvelles à des besoins sociaux ou environnementaux. Elle émerge de citoyens, d’usagers, de salariés ou d’entrepreneurs.
Quand des salariés de grandes entreprises donnent une journée de travail par mois à une association ou deviennent mentors d’étudiants en difficulté, ils innovent socialement et donnent du sens à leur travail.
Quand une coopérative permet à des habitants de Seine-et-Marne de se former à l’autoconstruction écologique pour bâtir un logement vert et donc accéder à la propriété à bas coût, elle innove socialement.
Quand des étudiants implantent une épicerie solidaire doublée d’une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) au cœur de l’université de Lyon-I, ils offrent la possibilité à leurs camarades de mieux se nourrir tout en favorisant les circuits courts… et ils innovent socialement. On l’aura compris, l’innovation sociale repose sur une intelligence collective. Si les dirigeants de Peugeot avaient écouté les salariés et les usagers, ou même les PME du secteur, qui les exhortaient à investir dans les voitures vertes et une économie de la fonctionnalité, on n’aurait pas peur de désespérer Aulnay-sous-Bois.
Les start-up de la Silicon Valley n’ont pas le monopole de l’innovation permanente. Toutes les entreprises doivent faciliter la remontée d’idées issues du collectif et aller au-delà du storytelling avec photos de réunions autour d’un baby-foot. Nos entreprises devraient faire fructifier cette innovation d’avenir au sein de leurs sièges sociaux et de leurs unités de production. Se tourner vers les entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui innovent depuis plus de deux cents ans. Les associations, les mutuelles et les coopératives sont de véritables laboratoires. Elles imaginent des modes de fonctionnement qui motivent leurs salariés, conçoivent des produits et services qui renforcent le lien social et créent de l’emploi et de la valeur, tout en préservant l’environnement.
Les entreprises classiques seraient ainsi bien avisées de bâtir des partenariats avec des entrepreneurs sociaux. Elles auraient beaucoup à apprendre et à gagner, même financièrement, car ces entrepreneurs développent des produits et services innovants et rentables avec peu de moyens. Une souplesse très certainement enviable par le monde des affaires… De tels partenariats peuvent donc devenir des outils de management de l’innovation et un moyen efficace pour se différencier.
Il en va de même pour les collectivités et les pouvoirs publics. Soutenir l’innovation sociale au cœur des territoires, c’est favoriser le mieux-être et l’emploi de qualité partout et au quotidien. Cela renforce l’attractivité d’une région, d’un département ou d’une commune. L’État a lui aussi son rôle à jouer en ne se limitant plus à l’innovation technologique et en ouvrant ses aides (type Oséo) à l’innovation sociale.
A un moment où nous ne pouvons plus nous contenter du «business as usual», faire du neuf est à portée de neurones. Les dynamiques de l’innovation sociale sont de véritables leviers de progrès humain et d’efficacité économique. Elles nous aideront à changer la donne et à enfin tourner le dos aux drames humains qui se répètent à l’envi.”